Je me souviens
D'une maison un peu solitaire
Perchée là-haut pas loin de la carrière
Je me souviens
Y'avait pas beaucoup de lumière
Mais il y faisait chaud les soirs d'hiver
Je me souviens
Quelques livres et puis trois BD
On les relisait chaque soir sans s'en lasser
Je me souviens
Des parties de coinchée
Ça n'rigolait pas sur la toile cirée
Je me souviens d'un temps
Où les choses étaient simples
Je me souviens
Mamie penchée sur sa Singer
Elle en sortait des merveilles beaucoup moins cher
Je me souviens
Pépère dans son bleu de travail
La retraite ne lui disait rien qui vaille
Je me souviens
Des p'tits lapins dans leur clapier
Qui venaient pointer le bout de leur nez
Je me souviens
Taches de sang dans le soleil
Celui du lapin sacrifié la veille
Je me souviens d'un temps
Où les choses étaient simples
Je me souviens
Trois chaines en noir et blanc
Et nous scotchés devant le p'tit écran
Je me souviens
Des repas à 7 heures
Pas question de décaler d'un quart-d'heure
Je me souviens
Un potager, pas un jardin
Quelques fleurs pour faire joli dans les coins
Je me souviens
Des ombres de la guerre
Toujours planquées dans les fourrés derrière
Je me souviens d'un temps
Où les choses étaient simples
Je me souviens
Des orgies de Noël
Jamais entendu parler de la grande nouvelle
Je me souviens
C'était pas compliqué
On aime, on souffre, on disparaît
Je me souviens
La petite goutte de calva
Dans le café à la fin du repas
Je me souviens
Faut faire ce qu'il y a à faire
Pas besoin de tortiller du derrière
Je me souviens d'un temps
Où les choses étaient simples
